« Il y a peu de choses à dire sur le fonds de l'évêché de Vannes qui le cède en importance à celui du chapitre cathédral tant pour le nombre et l'ancienneté des documents que pour la variété des matières. Je ne voudrais pas cependant laisser paraître ce gros volume de 527 pages sans dire un mot du genre d'intérêt et d'utilité qu'il peut offrir au public.
Un simple coup d'œil jeté sur l'index qui le termine permet de constater que le fonds de l'évêché de Vannes comprend, en dernière analyse, deux espèces de documents. Les uns, d'ordre temporel, concernent surtout l'état et la condition des terres. Les autres, se rattachant à l'exercice de la juridiction spirituelle, sont plutôt relatifs au personnel, je veux dire à la population aussi bien civile qu'ecclésiastique du diocèse.
Une autre différence entre ces deux catégories de pièces réside dans l'étendue des informations données par elles. Pendant que les documents procédant de l'administration spirituelle embrassent l'ensemble du diocèse, les documents d'ordre temporel et féodal, ne s'appliquant qu'aux biens et revenus des évêques, sont localisés, par leur objet, dans un petit nombre de paroisses ou contenus dans les limites peu étendues de la juridiction féodale des évêques.
Cette distinction n'a sans doute rien d'absolu, car les insinuations ecclésiastiques, appartenant à la seconde catégorie, contiennent, sous forme de fondations, de testaments, etc., un certain nombre de documents domaniaux intéressant toutes les parties du diocèse, documents plus nombreux et plus variés encore dans les registres du domaine des gens de main-morte, exclusivement consacrés à leur inscription. Elle est vraie cependant dans son ensemble et l'on peut dire, d'une façon générale, que des titres domaniaux, d'une part, concernant 25 paroisses, et, d'autre part, des documents personnels relatifs au diocèse tout entier, constituent la grande division du fonds de l'évêché de Vannes.
Les territoires contigus des paroisses de Surzur, Theix, Saint-Patern de Vannes et Plescop, ainsi que celui de l'Île-d'Arz, doivent être considérés comme ayant formé le noyau du domaine épiscopal, avec quelques extensions importantes dans les paroisses de Sarzeau et de Meucon (seigneurie de Lesvellec et de Guern), moins considérables dans celles d'Arradon et Plaudren où ce domaine ne s'étendait que sur quelques dépendances de la seigneurie de Ker.
En dehors de ces localités, les évêques de Vannes n'exerçaient de droits temporels que sur les cordiers établis dans les paroisses d'Ambon, Noyal-Muzillac, Péaule, Peillac, Pluneret, Pluvigner, Sérent, Saint-Caradec-Hennebont, et sur les dîmes des paroisses de Cléguérec et de Sulniac dont il possédaient la totalité.
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Sur ce domaine de médiocre étendue, dont il est bien difficile d'évaluer le revenu, les évêques de Vannes percevaient, soit en argent soit en nature, des droits dénommés successivement rentes et convenants, tailles et convenants, rentes convenancières, coutumes, dîmes du vin et dîmes ordinaires. Il est à remarquer que ces droits perçus, vers la fin du XVe siècle, en argent et en nature (G 292), sont, un siècle plus tard, évalués tous en argent, même les dîmes (G 295). Au XVIIe siècle, les comptes de l'évêché ne nous font connaître que la recette des grains par perrées, sans aucune estimation de leur valeur monétaire.
Présentées par frairies dans les comptes de 1588-1593, les recettes se font généralement par villages et paroisses. Tel est également l'ordre suivi par l'inventaire dans la division des biens et revenus où chaque article est relatif à l'un des éléments territoriaux de la paroisse qu'il concerne (village, seigneurie, parfois simple métairie).
Le lecteur trouvera, dans chacun de ces articles, des renseignements nombreux sur les noms de lieu, la contenance des terres, leur valeur et les conditions de leur tenue, les noms des tenanciers, etc. Quant à la nature des pièces dont ils contiennent l'analyse, ce sont, en général, des aveux, minus, déclarations, baux à ferme, afféagements, principalement des terres vaines et vagues, au profit de ceux qui les ont mises en culture (G 34, 38-39, etc.), ventes et conventions diverses. Je n'ai reculé devant aucun détail instructif fourni par ces pièces, notamment par les actes de ventes à propos desquels il m'a paru intéressant d'indiquer le prix d'achat des biens qu'ils concernent. Mais c'est particulièrement au sujet de la ville de Vannes que j'au cru pouvoir me permettre d'entrer dans plus de détails, considérant comme un devoir de noter les indications relatives à la topographie municipale et suburbaine de cette métropole et de ne rien négliger de ce qui pourrait contribuer à la reconstitution idéale du terrier qui manque à ses archives.
Avec les biens et revenus, précédés de quelques rentiers et suivis de comptes incomplets, se termine la partie domaniale du fonds de l'évêché de Vannes (G 1-300).
La seconde partie commence avec les délibérations synodales, les ordinations et tonsures, suivies d'un seul registre de visites épiscopales (G 301-309).
Indépendamment d'un certain nombre de décisions prises dans les différents synodes, sous forme d'ordonnances relatives à des questions de discipline ou concernant les obligations financières du clergé diocésain, les registres de délibérations synodales et ordinations contiennent les provisions de bénéfices, offices et dignités, les tonsures, les procès-verbaux de collation des ordres mineurs et de la prêtrise. L'inventaire donne le nombre des minorés et des clercs admis à la prêtrise, en faisant connaître les noms et l'origine d'un nombre considérable de ces derniers (1633-1793).
Après l'unique registre de visites épiscopales, contenant, lui aussi, quelques données statistiques relatives au clergé, s'ouvre la série des insinuations ecclésiastiques, formant la division la plus considérable du fonds de l'évêché de Vannes par le nombre et par l'intérêt tout au moins collectif des documents qu'elles reproduisent. Composé de 24 volumes de 300 feuilles chacun, ce qui donne un total de 14 000 pages, cette collection contient l'enregistrement d'au moins 70 000 pièces où toute la vie cléricale vient se refléter avec tous les aspects religieux de la vie civile. Alors, en effet, que le premier groupe des registres d'insinuations (1593-1599) contient presque exclusivement des collations de bénéfices que l'inventaire présente par paroisses, la seconde et la plus volumineuse partie de cette collection (1692-1791) renferme, à côté de ces mêmes collations de bénéfices, rangés cette fois par ordre chronologique, sous la rubrique des différents collateurs (pape, roi, évêque, etc.), les titres cléricaux, portant constitution du patrimoine représentatif de 80 livres de rente, exigé de tous les clercs, les lettres dimissoires, les vêtures et professions et enfin, outre ces titres concernant les membres du clergé, les fondations, testaments, dispenses de bans, de parenté, d'affinité spirituelle et actes divers dans lesquels entre en scène la population laïque, innombrable cortège de gens de toute condition dont il était impossible autant qu'inutile de relever tous les noms patronymiques, mais parmi lesquels toute désignation de fonction publique, de métier, de propriété seigneuriale m'a paru constituer un titre suffisant pour motiver la mention dans l'inventaire des personnes à qui s'appliquait cette désignation. L'inventaire du fonds de l'évêché de Vannes devient, dans ces conditions, le répertoire général des familles et des individus ayant possédé, à un degré quelconque, une part d'influence sociale ou de notoriété. », Charles Estienne, « Introduction », in Inventaire sommaire...(fonds de l'évêché de Vannes), p. i-iii.
