Le château de La Ville-Quéno, situé à l’extrême est du département du Morbihan, est, dès le XIVe siècle au moins, le siège d’une seigneurie appartenant successivement aux familles Couppu, Raguenel de Malestroit, Montejean, Thierry et Méhaud avant d’être acquise par François de Talhouët,...
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Le château de La Ville-Quéno, situé à l’extrême est du département du Morbihan, est, dès le XIVe siècle au moins, le siège d’une seigneurie appartenant successivement aux familles Couppu, Raguenel de Malestroit, Montejean, Thierry et Méhaud avant d’être acquise par François de Talhouët, gouverneur de Redon, et Valence Du Bois-Orhand à la toute fin du XVIe siècle. Le château, rénové et restauré à partir de la fin du XIXe siècle, est toujours propriété de la famille de Talhouët aujourd’hui. La copie d’une déclaration rendue en 1681 par Louis-Redon de Talhouët, gouverneur de Redon, pour la réformation des domaines du roi, décrit la terre de La Ville-Quéno en ces termes : « la maison, manoir, terre et seigneurie de La Ville-Quéno situé en ladite paroisse de Carentoir, consistant en un grand corps de logis contenant de face environ quatre-vingts pieds et de profondeur autres quatre-vingts pieds, avec un pavillon au bout vers soleil levant, cabinets, écuries, cuisine, boulangerie, cellier, portail, première et basse-cour, jardins, vergers, prairies, bois de haute futaie et de décoration, garennes, colombier, mail et vignes ». Une métairie occupe une partie des bâtiments autour de la basse-cour. La seigneurie compte également à cette date deux moulins, celui à eau de La Fosse et celui à vent du Vicomte, ainsi que deux rôles rentiers assis sur environ cent soixante tenues. Un siècle plus tard, en 1773, un prisage dressé dans le cadre de la succession de Jean-Joseph de Talhouët montre une seigneurie agrandie par un moulin à eau supplémentaire, celui du Gouro, ainsi que par plusieurs autres rôles de rentes. La seigneurie possède le droit de haute justice pour la majorité de ses fiefs, moyenne pour partie d’entre eux. Le tout y est évalué à plus de trois mille livres de revenu annuel ce qui en fait une seigneurie moyenne pour l’époque dans la région.
Au cours du XVIIIe siècle, La Ville-Quéno devient le cœur d’un domaine bien plus vaste constitué d’une multitude de petites seigneuries sises à Carentoir ainsi que sur les paroisses limitrophes de Sixt-sur-Aff et Bruc-sur-Aff en Ille-et-Vilaine. C’est le résultat d’une politique d’acquisition de terres par les membres de la famille de Talhouët depuis les premières acquisitions de François de Talhouët à la fin du XVIe siècle. Ce dernier, connu pour sa participation active aux événements des guerres de la Ligue, d'abord au service du duc de Mercœur puis au service d'Henri IV, avait acquis de son mariage avec Valence Du Bois-Orhand et par achat, outre La Ville-Quéno, les seigneuries du Bois-Orhand, de La Herviais, de Noyal, et de Quelneuc. Il est à noter que les droits féodaux de la seigneurie de Quelneuc rapportaient chaque année à M. de Talhouët, outres les rentes habituelles, une paire de gants blancs, une paire de sonnettes et deux éteufs, sorte de balles pour le jeu de paume. De plus, les femmes nouvellement mariées dans la trève de Quelneuc devaient chanter une chanson à l’issue de la messe des épousailles sous le chêne situé devant le manoir dudit lieu.
Les descendants de François de Talhouët y ajoutent, au cours des deux siècles suivants, les terres de La Gélinais, du Bois-Brassu au fief de La Certenaie, du Boschet, le fief de Clazeul ainsi que les seigneuries de La Touche-Peschard et de La Touche-aux-Roux. Bien que toujours distinguées par leur nom toutes ces seigneuries sont, dans les faits, gérées de manière unifiée, comme en témoignent les quelques documents relatifs à la ferme générale de La Ville-Quéno ainsi que la ferme de l’office de sénéchal pour l’ensemble des juridictions concernées.
La Ville-Quéno reste la résidence principale de la famille de Talhouët jusqu’à la fin du XVIIIe siècle et l’accession au statut de chef de nom et d’armes de la famille de Joseph-Marie-François-Louis de Talhouët après la mort de son père. Conseiller originaire en 1770 puis président à mortier au parlement de Bretagne en 1776, le marquis de Talhouët décide alors de s’établir de manière plus permanente dans son hôtel de Rennes, place Saint-Pierre. Il faut attendre la fin du XIXe siècle et les travaux engagés par Henri de Talhouët entre 1888 et 1911 avec l'architecte Auguste Beignet pour que le château de La Ville-Quéno redevienne le lieu de résidence privilégié des membres de la famille de Talhouët.